Dans ma pratique quotidienne, je constate que le magnétisme suscite autant de fascination que de questions. Ce phénomène, à la croisée de la science et des croyances populaires, mérite qu’on s’y attarde pour démêler le vrai du faux. Comme pour tout sujet de santé, il est essentiel de s’informer correctement pour faire des choix éclairés.
Qu’est-ce que le magnétisme ?
Le magnétisme recouvre plusieurs réalités qu’il convient de distinguer clairement. Dans mon cabinet, les patients confondent souvent ces différentes notions, ce qui peut mener à des malentendus.
Le magnétisme physique constitue un phénomène scientifiquement établi qui étudie les forces attractives ou répulsives entre objets. C’est celui que nous observons avec les aimants et qui est mesurable par des instruments précis. Je m’appuie souvent sur ce concept pour expliquer certains examens médicaux comme l’IRM.
Le magnétisme animal, théorisé par Franz Anton Mesmer au XVIIIe siècle, repose sur l’hypothèse d’un fluide universel circulant entre tous les êtres vivants. En 1779, Mesmer publie son « Mémoire sur la découverte du magnétisme animal » qui connaît un succès considérable à Paris. D’un autre côté, en 1784, une commission royale incluant des savants comme Lavoisier et Franklin examine ses méthodes et conclut que les effets observés relèvent davantage de l’imagination que d’un fluide magnétique.
Quant au magnétisme thérapeutique, il désigne les pratiques où des personnes affirment utiliser leur énergie corporelle pour soulager ou guérir divers maux. Les « coupeurs de feu » constituent un exemple spécifique de cette catégorie, se spécialisant dans le traitement des brûlures et zonas.
Les origines du magnétisme remontent à l’Antiquité. Le papyrus Ebers, datant du XVIème siècle avant J-C, mentionne déjà l’imposition des mains comme méthode de guérison en Égypte. Au Moyen Âge, les rois de France pratiquaient le rituel des « écrouelles », imposant leurs mains pour attester leur pouvoir divin de guérison.
Les différents types de magnétisme
Dans mes recherches pour répondre aux questions de mes patients, j’ai identifié plusieurs courants historiques qui ont façonné notre compréhension actuelle du magnétisme.
Le marquis de Puységur, disciple de Mesmer, découvre en 1784 le « somnambulisme artificiel » en magnétisant un jeune paysan nommé Victor. Contrairement aux crises convulsives observées chez Mesmer, les patients de Puységur entraient dans un état où leur esprit restait éveillé bien que leur corps semblait endormi. Puységur abandonne progressivement l’idée d’un fluide matériel pour considérer que c’est la volonté du magnétiseur qui agit sur le sujet.
Au XIXe siècle, le magnétisme évolue considérablement grâce aux contributions de l’abbé de Faria, Joseph Deleuze et Charles Lafontaine. Les écoles médicales de Nancy et de la Salpêtrière s’approprient ces pratiques, contribuant à l’émergence de l’hypnose médicale et, indirectement, aux fondements de la psychanalyse freudienne.
De mon expérience clinique, je constate que les types de magnétiseurs varient considérablement :
- Les magnétiseurs généralistes qui prétendent traiter divers maux
- Les coupeurs de feu spécialisés dans le traitement des brûlures
- Les barreurs de feu qui se concentrent sur les zonas
- Les magnétiseurs à distance qui affirment pouvoir agir sans contact physique
Des études sociologiques révèlent que 90% des magnétiseurs ne revendiquent pas un don transmis familialement mais plutôt une capacité qu’ils ont développée. Cette pratique reste plus présente dans certaines régions comme la Bretagne ou l’est de la France.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Comme médecin, je m’intéresse aux principes avancés par les praticiens du magnétisme, tout en gardant un regard critique. Le magnétisme thérapeutique repose sur l’idée que tout être humain contient et véhicule de l’énergie qui doit circuler correctement pour maintenir la santé.
Dans les années 1950, le Pr Desrobert décrivait le magnétisme comme « un agent physique d’une espèce particulière, source de vie des organes et des cellules » pouvant être transmis par un magnétiseur. Les méthodes varient considérablement : certains praticiens touchent les patients, d’autres utilisent uniquement le regard ou des objets intermédiaires.
Les séances durent généralement entre 3 et 45 minutes, avec des effets qui peuvent être immédiats ou différés. Selon les praticiens, une à trois séances suffiraient pour la plupart des conditions traitées.
| Application | Méthode courante | Nombre de séances recommandées |
|---|---|---|
| Douleurs chroniques | Imposition des mains | 2-3 |
| Brûlures | Barrage (à distance) | 1-2 |
| Zona | Prières et gestes spécifiques | 3-5 |
| Stress/Anxiété | Rééquilibrage énergétique | 3-4 |
La science conventionnelle propose plusieurs explications aux effets parfois observés :
- L’effet placebo : la croyance en l’efficacité d’un traitement peut produire une amélioration réelle.
- La régression à la moyenne : les patients consultent souvent au pic de leur douleur, qui diminue naturellement ensuite.
- L’évolution naturelle de certaines affections comme les brûlures légères qui guérissent spontanément.
- Les bienfaits psychologiques de l’écoute et de l’attention portée au patient.
Le magnétisme face à la science moderne
Je constate dans ma pratique que la relation entre médecine conventionnelle et magnétisme reste ambiguë. La médecine scientifique n’a jamais validé l’existence d’un « fluide énergétique » manipulable, et aucune démonstration formelle n’existe à ce jour.
Néanmoins, certaines applications du magnétisme physique ont révolutionné la médecine moderne. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) utilise les propriétés magnétiques des atomes d’hydrogène pour visualiser les tissus internes. La stimulation magnétique transcrânienne offre des perspectives thérapeutiques pour certains troubles neurologiques.
Je remarque que les pratiques de magnétisme thérapeutique répondent souvent à des besoins que la médecine conventionnelle, par manque de temps notamment, ne satisfait pas toujours : écoute attentive, toucher bienveillant, considération globale de la personne.
Si vous envisagez de consulter un magnétiseur, privilégiez les recommandations personnelles. Un praticien sérieux ne se substituera jamais à la médecine conventionnelle et ne garantira pas de guérison. Le prix d’une séance varie généralement entre 60 et 80 euros, et certains praticiens sont regroupés dans des syndicats comme le SNAMAP ou le GNOMA.
En définitive, bien que certains patients rapportent des bénéfices, je recommande toujours la prudence et le maintien d’un suivi médical conventionnel pour toute condition de santé sérieuse. Comme pour toute approche complémentaire, l’information éclairée reste votre meilleure protection.
